Camille, militante pour la souveraineté alimentaire : « Les terres agricoles ne sont pas un supermarché et Colruyt n’a pas à investir ce maillon de la production ! ».
Colruyt a déjà acquis plus de 175 hectares de terres agricoles et de pâturages ces dernières années via Colim, sa société immobilière. Par ailleurs, ils évitent soigneusement les baux à ferme en mettant en place des contrats dont on ne connaît pas les conditions.
Déjà dénoncé lors de la journée des luttes paysannes, le 15 avril dernier, pour leur participation au marché du foncier, Colruyt Group se veut rassurant en affirmant ne « pas travailler de manière agressive [sur le marché] ». Sur le terrain, le ressenti du secteur est bien différent.
Nicolas, jeune agriculteur du Hainaut membre du conseil d’administration de la FUGEA, nous confie son expérience : « j’ai voulu acheter des terres que j’exploitais déjà mais Colruyt a proposé 4 fois le prix du marché au propriétaire. Impossible pour moi de m’aligner ».
Nous sommes loin des affirmations de Saskia De Block, responsable agriculture chez Colruyt, garantissant que Colruyt « analyse dossier par dossier et regarde quel est le prix conforme du marché ».
Pour André, agriculteur dans le Hainaut interviewé par la revue Tchak ! « C’est clairement leur [Colruyt] arrivée qui a entraîné une hausse des prix ».
Difficile de lui donner tort lorsqu’on sait que le prix moyen à l’hectare a le plus augmenté dans le Hainaut, en pourcentage, au cours du premier semestre de 2021. Conséquences directes pour le secteur : un renouvellement des générations rendu quasi impossible et une perte de résilience du territoire.
À cela vient désormais s’ajouter la volonté de l’enseigne de grande distribution de se profiler comme agriculteur et, par conséquent, de pouvoir bénéficier des aides de la Politique Agricole Commune. Cette révélation, publiée dans les revues Tchak ! et Apache, attise davantage encore les craintes des organisations paysannes et de leurs alliés.
Si Colruyt Group ne semble pas prendre au sérieux les craintes des agriculteur.rice.s jusqu’à présent, les syndicats agricoles et les organisations de soutien à l’agriculture paysanne espère qu’une plus large médiatisation de leur politique d’achat de terres poussera le groupe de grande distribution à revoir sa stratégie nuisible tant pour les agriculteurs et agricultrices que pour notre souveraineté alimentaire.