Appel journée des luttes paysannes 2016

, par 17 avril

Il y a 20 ans, le 17 avril 1996, 19 paysans brésiliens du « Mouvement des sans-terres » sont assassinés lors d’une importante marche pacifique organisée pour réclamer un accès à la terre et des meilleures conditions de vie. A ce jour, les responsables du massacre, le secrétaire à la sécurité du gouvernement et l’entreprise Vale do Rio Doce n’ont pas été condamnés. En mémoire de leur combat, Via Campesina a déclaré le 17 avril "Journée mondiale des luttes paysannes".


Des Luttes malheureusement actuelles

Depuis 20 ans, partout sur la planète, la concentration des terres aux mains de quelques-uns et la répression des paysan(ne)s qui refusent de perdre leurs terres ne cessent d’augmenter. Malgré la médiatisation des conflits fonciers liés à la majorité des projets agricoles à grande échelle, de nombreuses élites politiques continuent d’être persuadées que ce type d’agriculture est l’avenir. Plus de 30 millions d’ha de terre sont déjà concentrés au sein de grandes entreprises au détriment des paysans. En Belgique, 43 fermes disparaissent chaque semaine depuis 15 ans et nous avons perdu 63% de nos fermes en 30 ans. Ce sont principalement les petites unités agricoles qui disparaissent au profit des grandes.

Et en 2016 ?
Chaque année, le 17 avril permet de rencontrer les paysan(ne)s, les citoyen(ne)s et les associations qui s’organisent pour défendre l’agriculture paysannes de nos régions, voir même, soyons fous, sa généralisation progressive.
Le 17 avril est aussi l’occasion de faire connaître les luttes des paysan(ne)s d’ailleurs sur la planète, comme par exemple celles de ces paysans qui s’organisent pour récupérer leurs terres accaparées par des entreprises européennes (Addax Bioenergy, Socfin filiale de Boloré, Black Earth Farming,…) ou plus proche de chez nous en France le combat contre la destruction de terres agricoles par la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

L’arbre de l’accaparement et la forêt de l’industrialisation
Il n’y a pas que le phénomène révoltant et médiatique des accaparements brutaux de terres agricoles par des acteurs économiques puissants. L’industrialisation croissante de l’agriculture est, aujourd’hui, le phénomène le plus efficace pour concentrer progressivement les terres dans les mains d’exploitations chaque jour plus grandes.

Il n’y a pas d’industrialisation sans augmentation de la taille des exploitations. La mise en compétition des agriculteurs dans nos campagnes et des agricultures à l’échelle internationale dans le cadre d’une économie agricole mondialisée, induit une fuite en avant qui se traduit par la recherche constante de gains de productivité et de subsides. Cette voie qui implique l’accroissement d’échelle, la spécialisation et des pratiques agricoles non durables est un mirage inaccessible, dangereux et destructeur : l’Allemagne a, par exemple, déjà de nombreuses fermes de plus de 1000 vaches et la Chine construit en ce moment une ferme de 100.000 vaches. Nous n’avons rien à gagner à cette course perdue d’avance. D’autant que ce chemin est une impasse : l’agro-industrie ne nourrit pas le monde car elle est inégalitaire, elle gaspille les ressources, elle détruit l’autonomie alimentaire de nombreux pays, elle est énergivore, destructrice de l’environnement et vulnérable aux crises.

Au problème de la concentration foncière induit par le développement de l’agro-industrie, s’ajoutent 4 phénomènes qui diminuent aussi la vocation nourricière des terres agricoles en Belgique :

  • l’étalement urbain qui cède aux pressions immobilières et transforme les terres agricoles en maison 4 façades éloignée les unes des autres.
  • la bétonisation des terres agricoles pour des zonings industriels, des projets commerciaux et/ou inutiles d’un point de vue social et écologique, alors même que de nombreuses friches industrielles feraient mieux d’être réhabilitées
  • le développement excessif des terres agricole servant au cheval de loisir
  • le développement de milliers d’ha de terre destinés à la culture des sapins de Noël.

Enfin, l’absence de courage politique pour mettre en place des mécanismes de régulation du marché foncier est un élément déterminant. En Belgique, aucune loi ne protège de la spéculation sur les terres agricoles dont les prix s’envolent. Aucune loi non plus ne met la priorité absolue à la transmission et l’installation de nouveaux fermiers plutôt que de laisser les fermes qui n’ont pas de repreneur être démantelées au profit de l’agrandissement des fermes déjà existantes. 

L’agriculture paysannes est l’agriculture du futur : multiplions ses fermes et créons autour de chacune d’elles un réseau de citoyens solidaires !!

Défendre l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire.
Le temps est venu de défendre les terres agricoles, de valoriser les milliers d’activités de réappropriation de notre alimentation : potagers collectifs, ferme en conversion, bourses de semences, épiceries sociales, coopératives, ceintures alimentaires, marchés paysans, ateliers cuisines, initiatives de circuits-courts...Les initiatives sont nombreuses !
Pour changer le monde, il faut le faire partout mais aussi ensemble. On a besoin de vous, chacun à sa manière. Rejoignez-nous !!!

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