Disparition des paysans en Belgique
En Belgique, 43 fermes disparaissent chaque semaine depuis 30 ans en moyenne et nous avons perdu 67% de nos fermes depuis 1980, principalement des petites fermes de moins de 5 ha. Le malaise qui pèse sur le monde agricole a rarement été aussi fort : baisse tendancielle et volatilité des prix des matières premières agricoles, dévalorisation des fonctions sociales du métier d’agriculteur, exigences sanitaires de l’AFSCA taillées pour l’agro-industrie, endettement de plus en plus important pour maintenir les exploitations, vieillissement de la population agricole, etc. L’isolement et la marginalisation des agriculteurs s’accompagnent de taux particulièrement inquiétants d’épuisements psychologiques (burn out) et de suicides.
La terre sous pression
Partout sur la planète, la concentration des terres aux mains de quelques-uns et la répression des paysan(ne)s qui luttent contre les accaparements de leurs terres ne cessent d’augmenter. En Europe, 52% des terres sont détenues par seulement 3% des fermes tandis que 75 % des paysans n’en détiennent que 11 %. Faute d’une politique agricole juste et ambitieuse et sous la pression des multinationales de l’agroalimentaire, l’agriculture paysanne continue à perdre du terrain face à l’agro-industrie et à son monde.
En Belgique, on constate une hausse particulièrement inquiétante du prix des terres agricoles, qui sont parmi les plus chères d’Europe. Les terres nourricières sont mises en concurrence avec d’autres types d’usage plus rentables tels que le développement des zonings industriels, les activités de loisir (golf, équitation), les monocultures de sapins de noël et surtout l’urbanisation. L’étalement urbain est particulièrement dramatique en Belgique avec une surface moyenne par habitant 2 à 3 fois plus élevée que dans les pays voisins, pourtant moins densément peuplés. Cette concurrence sur les terres agricoles engendre une spéculation foncière qui rend l’installation de nouveaux agriculteurs et la transmission intergénérationnelle des fermes particulièrement difficiles. Cette évolution du paysage agricole belge est inquiétante et se fait au détriment de l’environnement et de notre souveraineté alimentaire, tout en aggravant la dette écologique.
Enfin, l’absence de courage politique pour mettre en place des mécanismes de régulation du marché foncier est un élément déterminant. En Wallonie par exemple, les promesses du Code Wallon de l’agriculture de 2014 telles que la mise en place d’un observatoire foncier, création d’une banque foncière, élargissement du droit de préemption, attendent toujours leurs décrets d’application. Autant de politiques publiques qui pourraient permettre de rééquilibrer la discrimination subie par les petits paysans et favoriser l’installation de nouveaux fermiers plutôt que de laisser les fermes qui n’ont pas de repreneur être démantelées au profit de l’agrandissement des fermes déjà existantes.
Défendre l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire lors de la journée des luttes paysannes 2017
Les journées des luttes paysannes sont l’occasion de s’engager auprès des paysans pour réclamer le respect de leurs droits, tels que le droit à la terre, le droit aux semences ou le droit à un revenu décent. Cette année, le Réseau de Soutien à l’Agriculture Paysanne appelle les citoyens belges à se retrousser les manches à l’occasion de chantiers participatifs organisés les 15 et 16 avril dans des fermes menacées de disparition aux quatre coins de la Belgique.
Le 17 avril, nous occuperons une terre agricole expropriée pour un projet d’artificialisation et nous y planterons des patates. En appuyant la lutte concrète d’un agriculteur, nous affirmons que nous ne voulons plus laisser faire et que nous sommes prêts à mener des actions pour soutenir l’agriculture paysanne, la transition et la souveraineté alimentaire.
Le temps est venu de défendre les terres agricoles et d’affirmer que l’agriculture paysanne est l’agriculture du futur. Rejoignez-nous !
Nous invitons toutes les associations et les citoyens à nous rejoindre (mail à Louise@fian.be) et à diffuser largement cet appel.
Plus de 25 associations soutiennent la journée des luttes paysannes.